Catégorie: "Tanzanie"
Une matinée au Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha
Juin 30th, 2008Revenu du safari à Arusha, on se retrouve avec une demi-journée avant de prendre le bus pour Nairobi. Conseillé par Séverin et le routard, on va donc assister au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). En effet, y sont jugés les importants criminels, dirigeants et commanditaires de ce massacre qui a fait un million de mort en quelques semaines seulement.
Le TPIR d'Arusha se tient dans un grand bâtiment dans le style de celui de l'UNESCO à Paris. La sécurité y est assez légère même si l'on sent un peu de fébrilité.
Nous avons assisté à deux procès. Tout y est traduit en 4 langues.
Nous prenons de court le premier procès, nous comprenons qu'il s'agit d'un témoin, protégé par l'anonymat, qui témoigne contre un donneur d'ordre d'un massacre. On arrive lorsque le procureur lui pose les questions... On apprend en vrac qu'il lui a été clairement ordonné d'exécuter des gens de l'autre ethnie, qu'il a essayé d'en protéger deux mais qu'ayant pas moyen de payer pour leur vie une fois qu'ils ont été découvert, ils ont été tous deux exécuté, qu'il dénonce l'accusé...
S'en suit le contre-interrogatoire de la défense (tenu par une avocate du barreau de Paris), comme souvent là dedans, on découvre que la réalité est loin d'être blanche. Le témoin est loin d'être une blanche colombe. On apprend qu'il a été condamné à 25 ans de réclusion alors qu'il assumait sa culpabilité. Il se défend en disant qu'on a cherché à lui mettre d'autres choses sur le dos. Bref, le témoin a aussi été un acteur sanglant de ce massacre. C'est au moment où l'on commence à rentrer dans le vif du sujet que la défense demande un huit-clos, la suite de l'interrogatoire devant réveller l'identité du témoin pour progresser.
Tant pis!
On monte un étage. Cette fois, pas d'anonymat. Il s'agit d'un haut dignitaire du régime. Un avocat québécois l'attaque sur sa place dans la hiérarchie militaire et base son offensive sur un organigramme. Malheureusement, on doit encore une fois sortir: l'alarme raisonne dans le bâtiment. Test de sécurité. On évacue avec une pointe d'excitation.
Ainsi se termine notre demi-journée TPIR.
Pas loin, on s'arrête dans une boutique. Elle est tenue par un Musulman (les Arabes ont tenu pendant un long moment la cote de la Tanzanie). On y fait quelques courses. A la sortie, un Noir me propose d'aller voir d'autres boutiques. Je refuse en disant que j'ai acheté ce dont j'avais besoin. Il me rétorque, de manière agressive, "Ah, tu es venu dépenser ton argent chez les Arabes et les Indiens."
Au sommet de l'Afrique
Juin 30th, 2008De retour de l'Afrique noir. Encore à suivre mon bon pote Severin après la Mongolie, la Chine et l'Argentine, nous voila de retour pour quelque chose d'au moins aussi fort que les 2 semaines de trek en Mongolie. Cette décision de suivre Séverin sur ce nouveau trip a été prise lors de notre précédent voyage ensemble... dans le bus en Salta et Mendoza.
Cette fois, l'objectif est simple: atteindre le sommet de l'Afrique, c'est-à-dire le Kilimanjaro.
Benoit (un des autres potes de la troupe mongole) s'est rapidement joint à nous et, à ma surprise, deux autres amis se sont rejoint à nous.
Plutôt que faire le chemin ultra pratiqué, nous avons décidé de prendre un chemin un peu moins couru à savoir le chemin Machamé.
Les deux premiers jours sont vraiment faciles. Petite balade qui pourraient, sans la nécessaire acclamation, condensée en une seule journée. La première journée commence dans la forêt pluviale et dans les nuages (que l'on dépasse heureusement rapidement).
Kilimanjaro: Premier jour |
Lors de la seconde journée, la végétation disparaît au fur et à mesure pour des plantes plus petites et quelques sortes de cactus endémique et le sommet commence à se dessiner au loin.
Le troisième jour commence à devenir plus fun tout en restant largement abordable. On monte lentement jusqu'à 4600 mètres jusqu'à la Lava Tower pour redescendre un peu plus bas le soir. Les guides se servent de cette journée pour jauger le mal de l'altitude de chacun. Heureusement pour nous, pas le moindre problème à part quelques mal de cranes. La journée se finit en face du Baranco Wall.
Kilimanjaro: Troisième jour, Ben et Cloé |
Je ne regrette pas les 230 euros de mon sac de couchage: les nuits sont font de plus en plus fraîches: Au réveil, nos tentes sont couverts de glaces. Fun!
Le Baranco Wall est un mur de 400 mètres de dénivelé à attaquer le matin du quatrième jour. Enfin le vif du sujet. On trace la route avec Séverin. Le coeur suit sans trop de problème même si il est nécessaire de faire attention au rythme cardiaque... Celui-ci montant bien plus rapidement à cause du manque d'oxygène.
Le 4 ème jour vise surtout à faciliter l'acclimatation et terminer au pied du sommet le soir à 4600 mètres. La journée est vraiment superbe. On ne perd pas de vue le Kibo vu que l'on tourne autour de lui. Cette journée bien chargée et long se termine par une bonne montée qui, avec l'altitude, casse bien les jambes les dernières 45 minutes.
Kilimanjaro: Le Kibo
Pour la dernière journée avant le sommet, c'est dans la tente et dans le sac de couchage vers 18/19 h pour une levée à 23 h 30 pour être près à partir vers minuit. C'est là que je suis content de pouvoir facilement m'endormir!
Je me réveille, je regarde ma montre, je lis 23 h 30. Je revérifie: il s'agit plutôt de 22 h 30. Trop tard, je suis tellement excité que je n'arriverais pas à me rendormir. Tant pis, je profite de ce calme avant la nuit d'activité intense qui se profile. Une heure de réflexion après, on se sort de la tente avec Benoît. Séverin, réveillé par notre activité, sort de son antre; on admire la voie lactée; tellement belle à cette altitude privée de lumière humaine.
Une remarque de Séverin contemplant ce paysage me fait penser Jeremy, amis qui s'est donné la mort il y a presque un an. Sa mémoire m'accompagnera pendant la montée.
Puis, d'autres lumières oranges, rouges et bleu s'allument: les autres randonneurs se préparent à monter.
Le reste de l'équipe arrive: c'est à notre tour. On commence. Rythme plus lent que les jours précédents mais constant car dicté par les jambes de Augustino, notre guide. En fils indienne, profitant de la lumière offerte par la frontale de Jean-Elie, j'alterne entre regarder les chaussures de Séverin et admirer le paysage éclairé par la lune.
Les pauses sont assez rares; environ une tous les trois-quart d'heure. On double une bonne partie des gens.
Plus on monte, plus on s'avance dans la nuit, plus la température diminue. On atteindra probablement le - 15°C.
Malgré l'équipement et l'effort, j'ai froid aux pieds et aux mains. Par contre, à part une petite nausée, je ne souffre ni de la fatigue ni du mal de l'altitude. Mon cerveau divague, je suis juste heureux. Je réalise juste que l'on a atteint le col qui indique la fin de la longue montée que lorsqu'un des guides me prend dans ses bras pour me congratuler.
On reste un peu sur le Stella Point; nos bouteilles sont gelées; on se réchauffe avec les thermos d'eau chaude que les guides ont apporté avec eux. On ne reste pas; il fait trop froid pour rester sur place.
On part donc faire les 300 mètres de dénivelés qu'il nous reste. Séverin, Benoît et moi nous séparons du reste du groupe. Notre guide principal nous suit; dopé par l'adrénaline et l'excitation on avale les kilomètres qu'il nous reste.
On distingue enfin le panneau en bois qui indique le sommet. Le soleil commence tous juste à éclairer l'horizon. On aura mis grosso modo 5 heures au lieu de 7-8 heures généralement prévu. On est tous au sommet, on partage tous ensemble ce moment. On fait les photos de rigueur rapidement. Malheureusement, personne n'a le courage de proposer de rester au sommet: on est congelé.
On reprend rapidement la route pour redescendre. Autant j'avais trouvé la montée facile, autant la descente a été pénible. La piste est bien verticale et il s'agit surtout de sable et de pierres. Difficile de garder l'équilibre, les jambes se faisant de plus en plus faibles. On arrive tous sans trop de casses en bas; juste quelques bleus pour certains. Il est 8 h 30. 8 heures que l'on marche; 1300 mètres de dénivelés; on a atteint 5895 mètres; personne ne réalise vraiment mais on est déjà à parler des prochains treks.
On s'endort tous dans nos tentes; il fait 25 °C dehors. Sacres amplitude thermique.
On reprend pour 2 heures de descente. On s'arrête dans une belle forêt. On reprend le chemin le lendemain pour juste quelques heures. On est tous ravi.
L'aventure de la montée ayant déjà été bien détaillée par Ben, je vous invite à lire la Fiche recette : Kilimanjaro au whisky ou le récit de l'apogée par Séverin
Pour résumer, après avoir lu pas mal de récits de la montée de ce volcan, je m'attendais à bien pire. Surtout que l'on a pas pris la route la plus simple... Une expérience à reproduire et à conseiller.