Catégorie: "Australie"

OZ: Bye bye Elizabeth?

Septembre 24th, 2008

Complètement absente de la vie quotidienne, l'Australie cependant reste une monarchie... mais se pourrait que ça bouge si on en juge:

Selon un sondage publié aujourd'hui, plus de la moitié des Australiens sont favorables à la République.

La majorité des Australiens ne veulent plus de la reine d’Angleterre comme chef d’Etat et sont favorables à l’instauration d’une République, selon un sondage publié mardi.

52% des personnes interrogées soutiennent la République, 40% y sont opposées et 8% ne se sont pas prononcés, selon cette enquête réalisée par l’institut Nielsen, auprès de 1.400 électeurs.

Ce sondage intervient alors que le gouvernement travailliste et l’opposition conservatrice sont tous deux dirigés, pour la première fois dans l’histoire de cette ancienne colonie britannique, par des républicains convaincus.

Le Premier ministre Kevin Rudd, qui a succédé en novembre au royaliste John Howard, se qualifie lui-même de «républicain de longue date». Le nouveau leader du Parti libéral (opposition), l’ancien banquier d’affaires, Malcolm Turnbull, élu la semaine dernière à la tête du parti, milite pour sa part pour l’instauration d’une République depuis dix ans.

En 1999, un référendum sur la question avait vu la défaite des républicains. Depuis, le débat est retombé, en raison notamment de la popularité d’Elizabeth II en Australie. Selon des sondages, si le Prince Charles venait à lui succéder sur le trône, les rangs des républicains gonfleraient sur le champ.

Bien que l’Australie soit indépendante depuis 1901, la reine Elizabeth II y a toujours le titre de chef d’Etat et son portrait figure encore sur les pièces de monnaie et les billets de banque.

Source: Libération

Un peu dans la même veine, l'Australie vient de nommer un nouveau (enfin, nouvelle en l'occurrence) gouverneur général , ce qui, d'après l'article du Courrier International ne sert à rien mais sert quand même mais pas trop.

Canberra se félicite d’avoir choisi pour la première fois une femme pour représenter la reine d’Angleterre. Mais jamais on ne désignera un Aborigène à ce poste prestigieux, regrette l’écrivaine Germaine Greer.

Pressé de parler de Quentin Bryce, la femme qui allait lui succéder [sa prise de fonction a eu lieu le 5 septembre], le gouverneur général australien, Michael Jeffery, avait déclaré, il y a six mois, que “tout le monde peut être gouverneur ­général en Australie et c’est ce qui fait sa grandeur”. Comme si les quatorze autres pays membres du Commonwealth qui choisissent un représentant de la reine le faisaient de manière moins démocratique. Pourtant, l’Australie est le pays le moins audacieux des dominions dans son choix de gouverneur. Parmi les 25 individus ayant occupé ce poste par le passé, on compte un prince, deux comtes, deux vicomtes, sept barons, neuf chevaliers, un archevêque et un général de division. Il n’y a jamais eu de femme ou de représentant de minorités ethniques. Le Canada, pour sa part, a nommé la première femme à ce poste il y a un quart de siècle. La seconde était née en Chine et la gouverneure générale actuelle est noire et d’origine haïtienne.
Le travail du gouverneur général est de représenter la reine. Ce que la reine ne ferait pas, le gouverneur ne doit pas le faire. Il doit savoir parler sans dire grand-chose aux rois, ambassadeurs et athlètes en visite ainsi qu’aux petites gens et s’intéresser à tout sans s’impliquer en rien. Les gouverneurs généraux, comme les reines d’Angleterre, doivent obéir à leur Premier ministre. Le plus pauvre des Australiens a plus de droits que le gouverneur général, qui se voit refuser celui de manifester, de brandir une pancarte ou d’être publié. Le gouverneur général sortant a réussi à se taire et à faire bonne figure jusqu’à sa dernière semaine en poste, lorsqu’il a dû faire un commentaire sur les Aborigènes, qu’il présente comme 520 000 “personnes qui ont du sang indigène”. “Je crois qu’ils sont environ… 400 000 à être intégrés de manière satisfaisante… à tel point qu’on n’entend pas parler d’eux. Ils mènent une vie semblable à celle de n’importe quel Australien.” Selon lui, c’est seulement chez les 100 000 autres, ceux qui vivent dans des régions éloignées, que “se manifestent, depuis plusieurs années, des difficultés d’intégration”.
Dans les agglomérations urbaines, tous ceux qui luttent contre les ravages de la pauvreté, les déplacements de population, la criminalité, la drogue et l’alcool ont été outrés par ses propos, mais il faut dire que le gouverneur défendait une position très osée et plutôt polémique. Parmi ceux qui ont du “sang indigène”, nombreux sont ceux qui n’ont jamais vécu comme des Aborigènes. Leur origine peut être un passeport pour bénéficier de toutes sortes d’avantages, notamment des postes confortables où ils peuvent se la couler douce. Il fut un temps où ces gens voulaient se faire passer pour des Blancs. Aujourd’hui, ils ont avantage à se présenter comme Noirs. Alors qu’autrefois on cherchait à cacher ses ancêtres noirs, ce sont maintenant les aïeuls blancs qu’on ne mentionne jamais.

Nier l’existence d’une identité des aborigènes

“Nous n’avons pas des vies normales. Nous sommes totalement surreprésentés dans les indicateurs politiques. Nous mourons jeunes. Nous n’avons pas les mêmes opportunités en termes d’éducation”, s’indigne Pat Dodson, descendant du peuple yawuru et ancien président du Conseil pour la réconciliation des Aborigènes. Parmi les Australiens non aborigènes, 49 % terminent leur cursus scolaire. Chez les enfants aborigènes vivant dans les régions éloignées, seuls 14 % atteignent le même niveau. Si l’innocence touchante du gouverneur à propos des réalités de la vie urbaine des Aborigènes est encore pardonnable, son idée simpliste que l’assimilation des Aborigènes serait le seul objectif satisfaisant est inadmissible. Selon Pat Dodson, la déclaration de Michael Jeffery “nie complètement l’existence d’une identité propre aux Aborigènes, et ce qu’ils peuvent apporter à ce pays en tant qu’Aborigènes, comme s’ils n’avaient rien à offrir hormis d’assimiler la culture occidentale.”
Parmi les candidats potentiels à la succession de Michael Jeffery – un poste qui rapporte 365 000 dollars australiens [207 000 euros] par an – se trouvait Lowitja O’Donohue, descendante de la tribu yankunytjatjara et fondatrice de la Commission des aborigènes et des insulaires du détroit de Torres, aujourd’hui dissoute. Mais elle n’a pas été choisie. Le choix du Premier ministre Kevin Rudd s’est arrêté sur Quentin Bryce, une femme originaire du Queensland – comme lui – qui avait déjà occupé le poste de gouverneur d’Etat. Les médias australiens félicitent le pays pour sa maturité pour avoir désigné une Australienne comme gouverneur général. Toujours en avance sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande a déjà confié à deux reprises cette tâche à une femme par le passé. Seuls la Grenade, la Jamaïque, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Kitts-et-Nevis, les îles Salomon et Tuvalu n’ont jamais nommé de femme à ce poste. On raconte que Quentin Bryce aurait dit, sous la pression des médias, que l’Australie deviendrait une république lorsque les Australiens en décideraient ainsi. Il y a donc une lueur d’espoir : la première femme à occuper la plus insignifiante des tâches pourrait également être la première républicaine. Si c’est le cas, elle devra apprendre assez vite à garder pour elle ce genre de commentaire.
Germaine Greer
The Guardian

Source: Courrier International

Aborigènes: Un pardon tant attendu

Février 13th, 2008

Le nouveau gouvernement de Kevin Rudd vient de présenter ses excuses à la communauté australienne. Ce fut long (le précédent PM Horward s'y est toujours refusé). C'est un premier pas nécessaire sur le changement de relation avec les aborigènes mais je suis assez sceptique sur le court et moyen terme. L'état de la nation aborigène est dans un tel état qu'il faudra bien longtemps pour que ça évolue....

De mon point de vue, j'avais eu l'impression que la situation aborigène était un sujet un peu tabou, un mélange de culpabilité, indifférence et parfois de mépris.
Ceci dit, cette action est un grand pas... Surtout quand on connait les atrocités qu'ils ont pu subir.

Voila une batterie de lien sur le sujet:

The Age - Le texte complet de la déclaration de Kevin Rudd - en anglais

The Age - Critiques (agressives) à la déclaration - en anglais
The Age - Les réactions (émouvantes)
Libération - Pour les Aborigènes, c'est comme la chute du mur de Berlin
Le Monde - L'Australie demande "pardon" pour les souffrances infligées aux Aborigènes


La toujours excellente synthèse du courrier (je me permet de copier/coller pour éviter que le lien se perd... n'hésitez pas a me contacter en cas de probleme) :



Pour la première fois dans l'histoire du pays, le chef du gouvernement travailliste vient présenter ses excuses à la communauté aborigène. Un événement salué par tous, même si beaucoup attendent les actes concrets.

Joan Baker, aborigène Kamilaroi, arbore les drapeaux australien et aborigène, 13 février 2008
AFP

"Aujourd'hui, nous honorons les peuples indigènes de ce pays, la plus vieille culture de l'histoire humaine…" Ainsi commence le discours du nouveau Premier ministre travailliste, Kevin Rudd, à l'attention des Aborigènes. "Avec un texte de seulement 361 mots, relève The Sydney Morning Herald, le Parlement fédéral tentera aujourd'hui de guérir le mal de décennies de mauvais traitements infligés par l'Etat à tous les aborigènes australiens, et pas seulement à ceux qui, enfants, ont été enlevés de force à leurs familles."

Des milliers de gens, aborigènes et autres, étaient réunis à travers le pays, devant des écrans géants, pour assister en direct à cette session parlementaire historique. Devant le Parlement, témoigne le quotidien de Sydney, la pelouse est "aux couleurs des drapeaux aborigène et australien", puis, lorsque Kevin Rudd termine son discours, "c'est l'ovation debout ! Beaucoup pleurent, sourient ou semblent acquiescer".

Dans le quartier défavorisé de Redfern, reprend le journal, ils sont nombreux sous la pluie, réunis autour du maire de Sydney, Clover Moore, devant un écran placé sur le site des émeutes aborigènes de 2003. Après avoir écouté le chef du gouvernement, Clover Moore, en larmes, conclut : "Le Parlement de Canberra est loin des rues de Redfern, mais les excuses faites ce matin doivent résonner ici, dans nos cœurs et dans nos esprits."

"C'est une renaissance, convient l'acteur et présentateur de télévision aborigène Ernie Dingo, surtout de savoir que ce qui s'est passé durant les huit dernières décennies n'a pas été oublié." Pour Christine King, codirectrice de l'Alliance pour les générations volées (les enfants enlevés à leurs familles), citée elle aussi par le Sydney Morning Herald, ces excuses officielles marquent "le premier pas de ce qui sera un long voyage vers la guérison du peuple aborigène".

"Toutes les voix doivent être entendues, insiste-t-elle, toutes les douleurs doivent être écoutées, toute la peine partagée, c'est cela le chemin à suivre." "Ce n'est pas une question de brassards noirs ou de culpabilité, reprend Tom Calma, de la Commission pour la justice sociale des Aborigènes, mais de reconnaissance et d'enseignement du passé. Et, au final, le but est de trouver une place, lorsqu'on raconte notre histoire nationale, pour les générations volées."

Tout le monde n'est pas de cet avis. Le discours de Kevin Rudd a été boycotté par une poignée de députés, dont Denis Jensen, député libéral, qui déclare à The Australian que "demander pardon ne résoudra rien, ce n'est que du papier peint". Le journal note que John Howard était le seul ancien Premier ministre vivant à ne pas être présent pour "des excuses auxquelles il s'était opposé tout au long de ses onze années de pouvoir".

Où était-il donc, en ce moment historique ? "il faisait son jogging quotidien", ironise le quotidien, ajoutant qu'il était temps que l'Etat présente ses excuses et que "celles de Kevin Rudd, écrites de sa propre main, seront un des moments forts de son mandat" (qui commence à peine)."Il a mis la barre haut. Et il devra apprendre, comme d'autres avant lui, reprend le journal, que répondre aux attentes est le défi politique le plus difficile". "Le sens véritable de ces excuses est indéfinissable, poursuit le quotidien. Or, c'est précisément ce sens que le Premier ministre devra définir dans les années à venir."

Un argument qui est repris par l'ensemble de la presse, comme The Canberra Times qui souligne : "Plus tard, on remerciera peut être le gouvernement Rudd d'avoir enfin demandé pardon, mais il sera jugé davantage sur les actes que sur les mots." Le quotidien s'inquiète du fait que "personne ne sait ce que les travaillistes ont vraiment l'intention de faire pour les aborigènes".

The Daily Telegraph estime également que "les excuses ne sont pas la panacée". Et qu'en elles-mêmes elles "ne résoudront rien" pour ceux qui ont souffert. The Herald Sun estime, pour sa part, que "les gestes symboliques tiennent une place importante dans toutes les cultures. Mais ils ont tendance à s'estomper s'ils ne sont pas associés à des actes significatifs."

Le journal de Melbourne concède que ce qui vient d'avoir lieu est "l'un des moments symboliques et historiques les plus importants dans la vie de la nation", mais que cela n'aura servi à rien si Kevin Rudd ne s'engage pas clairement pour résoudre "le défi social le plus profond auquel notre pays doit faire face", à savoir "les conditions tiers-mondistes dans lesquelles vivent de nombreux Aborigènes".

"Il est temps, estime The Herald Sun, que l'Australie indigène et l'Australie non indigène fassent ensemble le dur travail nécessaire pour réduire les inégalités, en particulier dans les communautés éloignées. Le gouvernement doit montrer qu'il est enfin résolu à combattre la mortalité infantile et les violences faites aux enfants, tout en améliorant les opportunités en matière d'éducation et en œuvrant pour une indépendance économique."

Un programme que laisse espérer Kevin Rudd lorsqu'il parle, dans son discours, de "nouvelles solutions là où les anciennes approches ont échoué" et de "responsabilités mutuelles" : "Un avenir où tous les Australiens, quelle que soit leur origine, sont des partenaires égaux, avec des opportunités égales et un intérêt égal pour construire le prochain chapitre de l'histoire de ce formidable pays, l'Australie."

Marion Girault-Rime

Melbourne: Soirée qui part en vrille

Janvier 16th, 2008

Les Australiens n'ayant pas la """"chance"""" d'avoir un président hyperactif, ils se passionnent en ce moment pour une soirée un peu spécial. Corey Delaney, 16 ans, avait invité quelques potes et emportés par l'ambiance, ils sont arrivés à 500 et ont *un peu* trop fait la fête. Ca se termine par une soirée facturée 20 000 AU$ par la police (30 officiers, un hélicoptère et une équipe-chien) et surtout cette géniale interview:


Surtout sa réponse à la première question "A-quoi pensiez-vous ?"
"Je ne pensais pas"

Source

Surprise de noel du nouveau gouvernement

Décembre 26th, 2007

Le nouveau gouvernement australien (travailliste, lire de gauche pour autant que ça veuille dire quelque chose downunder) a décidé d'annuler le projet de super-carte d'identité. Potentiellement un gros problème de respect de la vie privée...

Plus d'informations

Australia : Bye bye Irak

Décembre 1st, 2007

Titre du courrier international :

L'Australie se retirera d'Irak avant la mi-2008
Kevin Rudd, le tout nouveau Premier ministre travailliste australien, a déclaré ce 30 novembre que l'Australie retirerait ses 550 soldats présents en Irak avant la mi-2008. La veille, à Canberra, il avait présenté son gouvernement. Son équipe compte quatre femmes, dont trois à des postes clés, souligne le tabloïd. Entre autres, Julia Gillard devient le numéro 2 du gouvernement. Elle cumule les postes de vice-Premier ministre, ministre de l'éducation et ministre chargée des Relations sociales.